Les Bavards

Il y a quelques jours disparaissait Louis de Cazenave, l'un des deux derniers "poilus", c'est à dire un ancien combattant de la première guerre mondiale, à l'âge de 110 ans. Il ne reste donc plus qu'un seul combattant en France qui puisse directement témoigner de cette calamité qu'a été la Grande Guerre, la "Der des Ders", comme elle avait été baptisée - en vain.

Je crois que mon récent passage en France m'a rendu un peu plus sensible à cet événement. On a toujours parlé de cette geurre à la maison. Mes grands-pères ont tous les deux été des anciens combattants. En tant qu'alsaciens et donc allemands au moment de l'ouverture des hostilités, ils ont été incorporés dans l'armée impériale allemande et se sont battus sur le front russe jusqu'en 1917, date à laquelle la défaite de la Russie et révolution de novembre ont permis aux allemands de lancer toutes leurs troupes sur le front occidentale. Je ne sais rien de l'expérience de mon grand-père maternel. Mon grand-père paternel par contre, avec lequel nous vivions, a souvent partagé ses souvenirs de guerre avec nous! Il se souvenait de chaque village en Pologne où il était stationné. Il en parlait comme d'une promenade champètre, omettant toujours de mentionner les détails importants, telles que les conditions de vie au quotidien, les horreurs du front, même si parfois ses yeux s'embuaient à la mémoire d'un tel ou d'un autre.
Mais une fois du coté de Verdun, je crois que les choses se sont aggravées. Il a souvent parlé de désertion, surtout du coté des alsaciens, auxquels les allemands ne faisaient plus confiance. Il a fini la guerre, blessé, dans un hopital du Bade-Wurtemberg.

La dalle sur la photo se trouve accolée au mur de notre église. On peut y discerner les noms des jeunes hommes du village mort durant les deux grandes guerres. Y figurent deux de mes oncles, tous deux engagés de force par les allemands, des "malgré-nous", tués lors de la bataille pour Stalingrad!

Lorsque mon grand-père me parlait de cette période, je n'étais pas toujours très intéressé! Mais maintenant, je regrette de ne pas avoir posé plus de questions, et d'avoir enregistré ses mémoires.

En finissant cet article, je viens de voir que le dernier ancien combattant allemand, un certain Erich Kärstner est décédé en Allemagne à l'âge de 107 ans, dans l'indifférence générale!

Cela ne sera pas le cas lorsque le dernier poilu français, Lazare Ponticelli, nous quittera! Mais, il est vrai que la France qui était du coté des vainqueurs!